En entrant à Zahrat El Ihsan pour la première fois et, foulant le sol de la cour du couvent, une sensation de fierté m’a envahie et j’ai été impressionnée par les sculptures qui s’y dressent. En regardant les bustes de Mme Emily Sursok et de Soeur Mary Gehchan, j'ai tout de suite ressenti une collaboration ou plus exactement une relation « d’affinité » entre l’école et le couvent: leurs regards autoritaires mais tendres relatent toute une histoire et une complicité entre elles. Je me suis surprise à les imaginer toutes les deux présentes à la cérémonie d’inauguration qui avait eu lieu 130 ans plus tôt. C'était un dimanche ensoleillé de 1881, Beyrouth était sous la domination ottomane et l’ouverture d'une école et d’un couvent qui avait pour mission l'éducation des filles constituait un pas majestueux vers l’avenir. Avec des yeux pleins de larmes, elles ont vu les dignitaires de la société réunis pour célébrer avec elles le début d’une nouvelle ère pour les jeunes filles de la communauté grecque orthodoxe. Leur rêve s’est finalement réalisé et continue de perdurer.
En pensant à cette image, je me suis dit que je devais faire un pas en arrière dans le temps où le terrain était vierge, à une époque où Zahrat El Ihsan n’existait pas encore. Entre le vide et cette réalité, l'idée d'une école a germé et ceci a entraîné une série d'actions : un couvent, une cour, des enseignants, des apprenants, toute une communauté transformée. Le rêve est devenu réalité : l’École Zahrat El-Ihsan est née.
C’est un fait, cette école où nous passons la majorité de notre journée, de laquelle je suis en train d’écrire ce message est bel et bien présente.
Ce processus devrait nous inspirer en tant qu'éducateurs, étudiants et parents afin d’en être conscients, réaliser et assumer nos responsabilités. Il nous confirme, une fois de plus, que nos enfants sont capables, sont innovateurs et créateurs, et que nous sommes tenus de leur offrir le terrain qui va les aider à mûrir, rêver et créer. Notre mission est de les mener les guidant à développer et à approfondir les idées pour les transformer en une réalité à vivre avec passion.
Il nous faut les stimuler, les encourager et croire en leur capacité.
Ceci n'est pas une option il s’agit d’un devoir qui nous permettra de voir Zahrat El-Ihsan poursuivre sa mission et prospérer au XXIe siècle et bien au-delà.
- Mme Souha Choueiri -